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 Meilleurs pages de livres

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Carole
Admin
Carole


Messages : 169
Date d'inscription : 26/04/2017

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MessageSujet: Meilleurs pages de livres   Meilleurs pages de livres EmptyDim 22 Déc - 10:37

Dans cette rubrique les lecteurs pourront parler de leur livre qu"ils ont lut et parler de leur passage qu'il ont le plus aimer.


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Carole
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MessageSujet: Axtrait de AGNES Grey de Anne Bronte   Meilleurs pages de livres EmptyVen 27 Déc - 12:27

Quels heureux moments nous avons passés,
Mary et moi, quand, assises à notre travail à côté
du feu, ou errant sur les montagnes couvertes de
bruyères, ou nous reposant sous le saule pleureur
(le seul gros arbre du jardin), nous parlions de
notre bonheur futur, sans autres fondations pour
notre édifice que les richesses qu’allait accumuler
sur nous le succès des opérations du digne
marchand ! Notre père était presque aussi fou que
nous ; seulement il affectait de n’être point aussi
impatient, exprimant ses espérances par des mots
et des saillies qui me frappaient toujours comme
étant extrêmement spirituels et plaisants. Notre
mère riait avec bonheur de le voir si confiant et si
heureux ; mais cependant elle craignait qu’il ne
fixât trop exclusivement son cœur sur ce sujet, et
une fois je l’entendis murmurer en quittant la
chambre : « Dieu veuille qu’il ne soit pas
désappointé ! je ne sais comment il pourrait le
supporter. »

Désappointé il fut ; et amèrement encore. La
nouvelle éclata sur nous comme un coup de
tonnerre : le vaisseau qui contenait notre fortune
avait fait naufrage ; il avait coulé bas avec toute
sa cargaison, une partie de l’équipage, et
l’infortuné marchand lui-même. J’en fus affligée
pour lui ; je fus affligée de voir nos châteaux en
Espagne renversés ; mais, avec toute l’élasticité
de la jeunesse, je fus bientôt remise de ce choc.
Quoique les richesses eussent des charmes, la
pauvreté n’avait point de terreurs pour une jeune
fille inexpérimentée comme moi. Et même, à dire
vrai, il y avait quelque chose d’excitant dans
l’idée que nous étions tombés dans la détresse et
réduits à nos propres ressources. J’aurais
seulement désiré que mon père, ma mère et Mary,
eussent eu le même esprit que moi. Alors, au lieu
de nous lamenter sur les calamités passées, nous
nous serions mis joyeusement à l’œuvre pour les
réparer, et, plus grandes eussent été les
difficultés, plus dures nos présentes privations,

plus grande aurait été notre résignation à endurer
les secondes, et notre vigueur à lutter contre les
premières.
Mary ne se lamentait pas, mais elle pensait
continuellement à notre malheur, et elle tomba
dans un état d’abattement dont aucun de mes
efforts ne pouvait la tirer. Je ne pouvais l’amener
à regarder la chose sous le même point de vue
que moi ; et j’avais si peur d’être taxée de
frivolité enfantine ou d’insensibilité stupide, que
je gardais soigneusement pour moi la plupart de
mes brillantes idées, sachant bien qu’elles ne
pouvaient être appréciées.
Ma mère ne pensait qu’à consoler mon père, à
payer nos dettes et à diminuer nos dépenses par
tous les moyens possibles ; mais mon père était
complètement écrasé par la calamité. Santé,
force, esprit, il perdit tout sous le coup, et il ne les
retrouva jamais entièrement. En vain ma mère
s’efforçait de le ranimer en faisant appel à sa
piété, à son courage, à son affection pour elle et
pour nous. Cette affection même était son plus
grand tourment. C’était pour nous qu’il avait si

ardemment désiré accroître sa fortune ; c’était
notre intérêt qui avait donné tant de vivacité à ses
espérances, et qui donnait tant d’amertume à son
malheur actuel. Il se reprochait d’avoir négligé
les conseils de ma mère, qui l’eussent empêché
au moins de contracter des dettes. La pensée qu’il
l’avait enlevée à une existence aisée et au luxe de
la richesse pour les soucis et les labeurs de la
pauvreté lui était amère, et il souffrait de voir
cette femme autrefois si admirée, si élégante,
transformée en une active femme de ménage, de
la tête et des mains continuellement occupée des
soins de la maison et d’économie domestique. Le
contentement même avec lequel elle
accomplissait ses devoirs, la gaieté avec laquelle
elle supportait ses revers, sa bonté inépuisable et
le soin qu’elle prenait de ne jamais lui adresser le
moindre blâme, tout cela était pour cet homme
ingénieux à se tourmenter une aggravation de ses
souffrances. Ainsi l’âme agit sur le corps ; le
système nerveux souffrit et les troubles de l’esprit
s’accrurent ; sa santé fut sérieusement atteinte, et
aucune de nous ne pouvait le convaincre que
l’aspect de nos affaires n’était pas aussi triste,


aussi désespéré que son imagination malade se le
figurait.
L’utile phaéton fut vendu, ainsi que le cheval,
ce vieux favori gras et bien nourri que nous
avions résolu de laisser finir ses jours en paix, et
qui ne devait jamais sortir de nos mains ; la petite
remise et l’écurie furent louées ; le domestique et
la plus coûteuse des deux servantes furent
congédiés. Nos vêtements furent raccommodés et
retournés jusqu’au point où allait la plus stricte
décence. Notre nourriture, déjà simple, fut encore
simplifiée (à l’exception des plats favoris de mon
père) ; le charbon et la chandelle furent
économisés ; la paire de chandeliers réduite à un
seul, employé dans la plus absolue nécessité ; le
charbon soigneusement arrangé dans la grille à
moitié vide, surtout lorsque mon père était dehors
pour le service de la paroisse, ou retenu dans son
lit par la maladie. Quant aux tapis, ils furent
soumis aux mêmes reprises et raccommodages
que nos habits. Pour supprimer la dépense d’un
jardinier, Mary et moi entreprîmes de tenir en
ordre le jardin ; et tout le travail de cuisine et de
ménage, qui ne pouvait être aisément fait par une

seule servante, fut accompli par ma mère et ma
sœur, aidées un peu par moi à l’occasion ; je dis
un peu, parce que, quoique je fusse une femme à
mon avis, je n’étais encore pour elles qu’une
enfant. D’ailleurs ma mère, comme toutes les
femmes actives et bonnes ménagères, aimait à
faire par elle-même ; et, quel que fût le travail
qu’elle eût à faire, elle pensait que personne
n’était plus apte à le faire qu’elle. Aussi, toutes
les fois que j’offrais de l’aider, je recevais cette
réponse : « Non, mon amour, vous ne pouvez ; il
n’y a rien ici que vous puissiez faire. Allez aider
votre sœur, ou faites-lui faire une petite
promenade avec vous ; dites-lui qu’elle ne doit
pas rester assise si longtemps, qu’elle ne doit pas
rester à la maison aussi constamment qu’elle le
fait, que sa santé en souffre. »
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